vendredi 16 novembre 2007

B. ou comment on t'agresse dès le matin.

**3ème jour de grève**

Levée 4h du matin.
Arrivée au collège 8h.
1er cours et ça détonne déjà.

Madame on a pas nos affaires, on pensait qu'avec la grève ce serait comme hier pis avant hier...donc on a rien.
Vous pensez mal donnez moi vos carnets.
Mais c'est pas juste à la tv ils disaient que [...] Mais tout ça c'est la faute à Sarkozizi hein et d'abord si il avait pas un ptit zizi sa femme l'aurait jamais quitté. (Lucides les mômes)
Hein quoi bordel en 5ème ils me parlent du zizi de Sarkozy et de son divorce à 8h30, pire qu'un bistro avec ses comérages cette classe!

Après un début en fanfare vlatipa que B. a gardé la panoplie complète du cosmonaute à savoir sa veste, ses moufles et son bonnet made in crochet on him.

B. enlève moi ça tout de suite, t'es pas en récré là.
Mais j'ai froid Mdame. (moi aussi moi aussi j'ai froid que j'ai entendu aux 4 coins de la classe)
Le chauffage est à fond bordel et tu le sais très bien qu'en cours on enlève son manteau point barre.

Là 3 autres pouffettes enlèvent difficilement leurs macro-blousons en beuglant "froiiiiid". Jme croyais limite dans la pub kiss cool.

En hiver il faut s'habiller chaudement, les pulls vous savez ça existe.
Oui mais c'est pas fachon (=fashion) les pulls!

Les 3 pouffettes avaient toutes des débardeurs spaghettis avec de superbes slogans "100% blonde", "Je m'aime" et autres pouffiesqueries.

Là je vois que B. a gardé ses mouffles, tu crois qu' il avait oublié que c'était peinture today ? j'ai rien dit et il s'est rendu compte par lui-même, au bout d'un temps très long aussi, que peut-être que la peinture sur ses gants niktout c'est pas hype.

10 minutes avant la fin du cours, alors que les joies de la peinture gagnaient mes élèves et que je me transformais progressivement en adjudent chef, je remarque que B écrit sur une feuille.

Tiens tiens un exercice de mathématiques. ( hop je lui arrache la feuille)
Woo rendez-moi ça c'est pas à vous!
A la fin de l'heure, fais ton travail d'arts plastiques maintenant.

Là il se lève -violemment- fait tomber sa chaise et remballe ses affaires en beuglant "Jme barre". Et là les 3h de sommeil de la nuit ont eu raison de moi.

Tu resteras ici jusqu'à la fin de l'heure, je ne te ferai pas ce plaisir de te renvoyer tu sais.

Et je l'ai ignoré.
B se lève, déchire son travail et reste debout. Je vais voir les autres élèves, parle avec eux de leurs travaux tout en continuant de zapper B.
B se met enfin assis, après avoir vidé entièrement le contenu de son sac dans ma poubelle "R2D2".

5 minutes + tard je le vois écrire sur un cahier, là le temps monte et B. me balance:

Vazy casse toi!
Quoi? mais tu me parles à moi sacré ptit merdeux?? Tu vas devoir changer de ton et ne crois pas que c'est fini. Même sans carnet je ne t'oublierai pas et on va régler ça chez le principal.
ça c'est ce que j'aurai répondu avant, là je l'ai toisé et j'ai répondu, " très bien" et jsuis retournée à mon bureau où j'ai commencé un rapport.

Mais j'ai pas pu m'empêcher de rajouter : Mais tu sais la prochaine fois ne viens pas ici, personne ne t'oblige. Tout le monde y gagnera, crois-moi!

La sonnerie retentit, B. qui avait le feu au cul depuis 10 minutes range encore ses affaires (alors que tout était déjà dans le sac va comprendre les momes) prends son temps et sort le dernier de la salle en récupérant son exercice de Maths.
Là il se rend compte que sur l'exercice, j'ai joliment graffitisé une remarque "fais ses maths en arts plastiques" le tout daté et signé.

J'ai regardé la blanche campagnarde givrée (moment de pure poésie) à travers ma baie vitrée, j'ai entendu courir les fous furieux du cours suivant. Je me suis dirigée le pas lourd vers la porte en hurlant "pas bientôt fini cbordel hé".

5 commentaires:

Proctor ... a dit…

Une main de fer dans une mouffle niktout de velour ... ah les joies de la "discipline" (à prononcer avec un léger accent germanique)

En tout cas bravo pour ces débuts prometteurs dans le récit de tes folles aventures pédagogico-huilées, et merci c'est la 1ère fois que je me retrouve dans une blogroll, je te laisse l'émotion me sumerge .............

Tite Sardine a dit…

j'ai peu de mal à imaginer la scène car j'ai été pionne 5 ans un truc comme ça dans un lycée technique avec beaucoup de mecs
et ba je te tire mon chapeau, je trouve que tu l'as bien maté l'air de rien ce petit présomptueux non mais!!

Anonyme a dit…

Quel courage...
Moi je dis qu'être prof, surtout de nos jours c'est vraiment un sacerdoce...
Ma pauvre !
En plus, qu'on te parle du zizi de Sarko à 8h du mat', ben moi je dis : bon appétit si vous êtes à table hein !

Futile a dit…

Proctor: Merci pour ton compliment et de rien pour l'ajout je suis ton blog et j'apprécie surtout tes illustrations.

Tite Sardine: hé wé je commence à avoir l'habitude et je gère mieux, ouf.


sonia, miss blog 2007: Oui c'est pas tous les jours facile mais tu as pas mal de ptits moments plein de richesse et très droles. Rien que ce matin j'ai passé la récré à taper la discut' avec deux ex élèves de 3ème qui ont une autre prof cette année, ils m'ont fait limite une déclaration comme quoi ce qui était bien avec moi c'est que je me marrais avec eux et qu'ils aimaient mes sujets, ça annule tous les mauvais côtés quand tu entends ça.

Alice a dit…

En effet ça ça me rappelle mes années collège ... ahhh quelle nostalgie ! Enfin sauf que pendant ma jeunesse j'étais juste là en tant que spectatrice ... ça te démanges pas des fois une bonne claque??? ^^