samedi 8 décembre 2007

Le tuteur et la jeune pousse


Il y a 2 ans j'étais prof stagiaire, le cul entre deux chaises à savoir l'iufm et mon 1er collège d'adoption.
Durant ton année de stage on te colle un tuteur qui est là pour aider la jeune pousse que tu es. Sauf que le mien s'appelait Jaco et avait deux qualités qui ont pourri mon année:
  1. Il sortait d'une longue dépression

  2. et ne voulait surtout pas de stagiaire

Refoulée par la prof d'arts plastiques de mon bahut qui entamait sa dernière année et ne voulait pas se coltiner le bordel iufmesque, je débarquais chez Jaco pleine d'espoir et encore sur mon nuage capessien.

Pour te résumer son job: il passait voir mes cours (avec mes deux pires classes, notamment mes 4ème d'insertion vu qu'il ne pouvait pas voir mon cours avec mes 4ème Merveilleux, sinon ce n'est pas drôle) en me prévenant ou non la veille. Tout en prenant son air blasé il grattait pendant l'heure scrutant la moindre des tes faiblesses pour te faire avancer, enfin ça c'est que tu crois au début.

Nos entretiens post-observage de mon cours se faisaient toujours dans un café, parce qu'attends il lui fallait un cadre bien plus sympatoche que le bahut, et surtout un endroit où on peut t'envoyer de la fumée de cigare à tout va. Chaque semaine je m'asphyxiais volontairement pour l'Education Nationale et nos chères têtes blondes.

Ensuite je sortais du café pour rejoindre la gare et rentrer chez moi. Au fur et à mesure de nos conversations il me déprimait... à tel point qu'en attendant mon train je bloquais sur la voie ferrée et ses rails libératrices. Je m'obligeais à passer des coups de fil à ce moment bien précis pour ne pas devenir dépressive avant l'heure.
Un jour de décembre il a osé prononcer un compliment:

Alors avec les 4ème d'insertion tu as fait du bon boulot, je crois qu'il s'est passé quelque chose de magique avec eux. Vraiment je ne sais pas ce que tu leur as fait mais je te félicite.

Tu crois que je suis devenue magicienne ou une sorte de sorcière que j'ai eu envie de lui balancer à la tronche. Parce que pendant des semaines j'étais une petite merde et hop voilà que je deviens une David Copperfield de l'enseignement? J'ai pris le compliment et j'ai chopé mon train le sourire aux lèvres, sourire qui s'est effacé lors de notre entretien suivant, sinon ce n'est pas drôle je te rappelle.

Arrive le mois de juin et avec lui le moment de nos adieux larmoyants, Ô tristesse!

Comme à chaque fois pendant toute l'année scolaire, la gourdasse que je suis balance un "salut ça va?" suivi d'un " non pas du tout..." me transformant immédiatement en dinde coconne.


Bon bah à un de ces jours...
Oui peut-être en alsace?
Nan mais ne rêve pas! Tu vas te retrouver en banlieue parisienne donc bye bye Strasbourg.
Oui je le sais, enfin jpeux toujours revenir, je ne suis pas encore bannie je crois bien.
En tout cas je te souhaite bon courage du haut de ta tour!
Mais je vais habiter à Paris.
Yeux levés vers le ciel signifiant "c'est ça!"
Bon bah a+.
Et surtout si tu
as des soucis avec tes banlieusards, n'hésite pas à m'envoyer des mails je peux encore t'aider.

...
La dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles c'était via un mail groupé comme on les aime avec un diaporama débile.

10 commentaires:

Bean a dit…

bah tu es mieux sans non? Mais ça doit bien te foutre les boules quand meme quand "ça" doit t'apprendre le métier... Emi copperfield, ça sonne bien, notes...

Unknown a dit…

et tu en as rencontré beaucoup d'autres depuis des dépressifs parmi tes collèges actuels ou c'était une exception celui-là ?

Noémi a dit…

Ca donne envie ! Et ça doit être sympa pour ses élèves aussi !

Futile a dit…

Bean: Heureusement que ça ne dure qu'un an jsuis bien mieux sans lui!ça fait flipper en effet...
Je prends note don't worry!

Fressine: Oui et non, j'en ai 2 dans mon bahut actuel mais ils n'expriment pas leur dépression de la même manière.
Y'en a une qui est très agressive et l'autre est tellement dépassé et bizarre...

Noémi: Wep je les plains, il leur râlait dessus à tout va sans raison valable!

Anonyme a dit…

Bonsoir......je suis tombée par hasard sur ton blog.Je trouve que tu racontes vraiment bien ton histoire, avec un bon humour.
Mon père est prof d'arts plastiques dans une ZEP, il m'en raconte des vertes et des pas mures sur son "combat" de tous les jours...quelques similitudes avec ce que tu racomptes.

Bonne chance pour la suite. Pauline

Futile a dit…

Pauline: Bienvenue!
ralala je vais rougir avec tout ce que tu dis, merci! Ton père aurait pu être mon tuteur alors, mieux que Jaco sûrement.
A bientôt.

Proctor ... a dit…

Mais c'est moi ça!Mon tuteur est une tutrice. naïvement je pensais pouvoir bénéficier d'une chaleur maternelle, dune douce psychologie dans le relvé immanquable de mes failles et défaut. Dans l'écosystème de la salle des profs elle est plutôt menthe-religieuse ...

Anonyme a dit…

c'est fou ce que nombre de stagiaires se retrouvent avec un tuteur qui ne les desire pas ... encore un mystère des rouages de l'EN !

Futile a dit…

Proctor: Rassure toi tu n'es pas seul jeune padawan... courage! la bestiole tu vaincras!

titeblonde: Exact je comprends pas cette obstination à nous refourguer un tuteur dépressif qui ne nous veut pas!

Anonyme a dit…

Pas croyable... même dans le public ils vous refilent les zéros, même dans le public il vous filent des tuteur a enchaîner à un poteau.

C'est quoi ce pays ?

Qu'on en termine avec ses stages qui ne sont que pures fumisteries, pour le bien des générations futures...