Chaque année c'est la même chose qui me déprime.
Non c'est pas le froid.
Non c'est pas les jours qui raccourcissent.
Non c'est pas non plus le soleil qui s'est barré.
Encore moins les loupiottes de Noël.
Non moi ce qui me déprime et je l'avoue honteusement, c'est quand je tombe sur du patinage artistique à la télé, en pleine journée.
C'est comme une dose de dépression directement venue du tube cathodique.
J'ai essayé tout le week-end (à défaut de préparer un concours impossible à avoir) de comprendre pourquoi ce sport est synonyme de déprime pour moi.
Alors j'ai commencé par me dire que ça me rappelle qu'on approche des fêtes de fin d'année et que comme toujours, même le 31 à 21h33, je sais toujours pas ce que je vais faire. Soirée loose en perspective.
Ou alors c'est peut-être parce que le patinage ça me rappelle que j'ai jamais su tenir sur des patins.
Et là, au bout d'une heure d'intense réflexion, je me suis rappelée qu'à l'époque de mes 12 ans, le patinage artistique et moi avons entretenu une histoire particulière.
Durant les vacances scolaires de noël, presque chaque soir de la semaine, je comatais comme une bouse sur le canap' avec un oeil vitreux sur la tv.
A cette période le patinage était rediffusé après Histoires Naturelles, fidel ami des insomniaques. Je donnais déjà dans la soirée loose à 12 ans, moi je dis bravo.
Je me souviens aussi avoir essayé en vain de m'intéresser aux gestes gracieux, à la musique de ce sport, mais les costumes brillaient trop et me piquaient les yeux.
Quand je me levais pour éteindre la tv, je jetais un oeil par la fenêtre et j'observais la rue, déserte, couverte de neige, avec pour seule lumière l'éclairage incertain des illuminations de la ville qui attiraient les moustiques sur les volets.
Cette vue, digne d'un drame social de Ken Loach, avait pour fond sonore le patinage et ses commentateurs. J'étais seule avec eux.
Des années plus tard je viens de me rendre compte que ces soirées dans l'est de la france, où y'a plus de vaches que d'habitants au mètre carré, m'ont bousillé l'encéphale.
Depuis, la vue du patinage artistique a un effet dévastateur sur ma personne.
Comme quoi y'a pas que la connerie grumale qui est rétroactive...